Interview de Christophe Aubouin, Directeur général adjoint des PEP d’Eure-et-Loir

Interview de Christophe Aubouin, Directeur général adjoint des PEP d’Eure-et-Loir

Directeur général adjoint de l’association des PEP d’Eure-et-Loir, Christophe Aubouin conjugue stratégie, pilotage médico-social et engagement politique. Ancien enseignant spécialisé, il partage un parcours à la croisée des convictions et des opportunités. Dans cet entretien riche et inspirant, il revient sur les responsabilités de son poste, les compétences requises, son cheminement vers l’INSEI et sa vision du réseau comme levier de transformation.

Pouvez-vous vous présenter et décrire votre métier ?

Je m’appelle Christophe Aubouin et je suis aujourd’hui Directeur général adjoint de l’association des Pupilles de l’Enseignement Public (PEP) d’Eure-et-Loir. C’est une structure importante, avec 1 200 salariés et trois grands secteurs d’activité : le médico-social (PSM2S), le secteur animation, loisirs (PESP) et le secteur vacances (PEVLCS). Nous gérons aussi bien des crèches, des centres sociaux, que des structures d’accueil pour personnes en situation de handicap.

Mon rôle, en binôme avec la directrice générale, consiste à piloter les aspects hiérarchiques, administratifs, financiers et humains de l’association. Je m’occupe également de la réponse aux appels à projets, du déploiement de dispositifs, du suivi des structures, tout particulièrement celles du champ médico-social. Nous travaillons en lien étroit avec un conseil d’administration composé de bénévoles, ce qui implique un vrai travail d’interface entre technique et politique.

Enfin, j’exerce des mandats nationaux dans notre fédération, notamment au Conseil national consultatif des personnes handicapées et au comité de pilotage national sur le médico-social.

Quelles sont les qualités indispensables pour exercer ce type de poste ?

Il faut, avant tout, accepter de s’exposer. C’est un métier où l’on engage sa personne autant que ses compétences. La confiance en soi est nécessaire, mais le doute l’est tout autant : il faut sans cesse s’interroger, ajuster. J’ai noté quelques qualités fondamentales : la simplicité, la conviction, l’honnêteté, l’acceptation de la complexité. Il faut savoir tenir une cohérence d’ensemble, même si, dans le détail, certaines choses nous échappent. On pilote un “gros bateau” : pour qu’il avance, tous les petits rouages ne sont pas toujours parfaitement alignés.

L’aisance à l’oral et à l’écrit est aussi indispensable. Il faut être capable d’offrir aux administrateurs bénévoles une lecture à 360° des enjeux pour qu’ils prennent des décisions informées. La capacité à encaisser les tensions, à gérer les conflits liés à la transformation de l’offre, demande aussi beaucoup de pugnacité.

Qu’aimez-vous le plus dans ce métier ?

La grande polyvalence. J’apprécie de pouvoir intervenir à différents niveaux : stratégie, terrain, réseaux. J’aime aussi le lien constant avec la recherche universitaire et les projets sociétaux. Cette capacité d’agir à la fois localement et nationalement est très enrichissante.

Ce sentiment d’utilité, de participer à une transformation sociétale, est très fort. Je n’imaginais pas être dans ces fonctions, mais aujourd’hui, je mesure les leviers d’action très puissants dont je dispose.

Quel a été votre parcours avant d’en arriver là ?

J’ai commencé par des études d’histoire, puis j’ai travaillé pour la mission historique de la Banque de France. Un jour, j’ai décidé de devenir enseignant du premier degré. Spécialisé, j’ai été formé à l’INSEI (alors CNEFEI).

J’ai ensuite été formateur en IUFM pendant dix ans. Puis on m’a proposé de devenir directeur d’établissement spécialisé. Je me suis alors engagé dans le master PIH2 à l’INSEI, une formation orientée vers le pilotage et la coordination dans le secteur social et médico-social. Cela correspondait parfaitement à mes aspirations : moins de gestion pure, plus de pilotage convictionnel.

J’ai dirigé un établissement pendant cinq ans avant de devenir directeur général adjoint. Mon parcours a donc évolué au fil d’opportunités que j’ai su saisir, sans jamais renier mes convictions.

Pourquoi avoir choisi l’INSEI ?

C’est d’abord une opportunité, mais aussi un retour aux sources : j’y avais été formé en tant qu’enseignant spécialisé. J’apprécie cette approche à 360° qu’offre l’INSEI : entre éducation nationale et secteur médico-social, entre engagement politique et expertise universitaire. C’est un espace hybride, riche, connecté aux réseaux de terrain.

Leur adossement à des fédérations gestionnaires, leur rôle dans les formations nationales et leur capacité à innover dans les diplômes en font, selon moi, un très bon tremplin professionnel.

Quel conseil donneriez-vous à un futur diplômé ?

Osez vous exposer. Dans ce métier, il faut être en accord avec soi-même. Bien sûr, les compétences techniques sont importantes, mais il faut aussi savoir s’affirmer et assumer ses choix.

Durant la formation, la tentation de se conformer est forte. Mais il est essentiel de chercher une réconciliation entre ce que l’on est et ce que l’on fait. C’est de cet alignement que naît la légitimité.

Enfin, prenez le temps de bien choisir votre formation. L’offre est vaste : identifiez celle qui résonne vraiment avec vos aspirations profondes.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Je crois très fort à la puissance des réseaux. C’est en constituant des passerelles entre les individus et les structures que l’on préserve l’ouverture, qu’on évite le cloisonnement. La transformation actuelle du secteur médico-social nous oblige à collaborer, à construire ensemble sur les territoires.

Et je reste bien sûr disponible pour échanger avec les futurs professionnels ou anciens de l’INSEI, dans une logique de partage et d’entraide.

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